Formes sensibles et politiques de l'habiter

    Ce petit quartier, coincé entre la place Victor Hugo et le réseau des vieilles rues, est, à son échelle, une marge du centre-ville piéton. Consciente ou non de cela, la métropole a aménagé ces lieux avec un mobilier particulier. Deux chaises ont atteri ici, comme une injonction à la détente. Or, en les observant bien, rares sont les passants qui s'y assoient pour se détendre. Certains l'utilisent comme un support pour attacher leur vélo, d'autres pour y déposer des livres, le serveur de la crêperie en fait son petit bureau personnel pour passer les heures creuses. Les enfants impatients de sortir de la crêperie sont envoyés là pour jouer et laisser leurs parents tranquilles. 

      Nous avons décidé de "décorer" ces deux chaises afin d'observer les réactions que provoqueraient nos interventions. C'est là que ce qui semblait à tous, l'espace public, s'est révélé en partie contrôlé par les commerçants. L'expression "la rue est le vestibule de leurs magasins" est particulièrement appropriée pour comprendre comment les commerçants percoivent cet espace public. La gérante du magasin de vêtements chics, à l'angle de la rue, nous a notamment avoué vider elle-même la poubelle publique, car celle-ci, trop pleine, dévalorisait sa devanture.

   Nous avons aussi cherché à améliorer ce mobilier, en demandant directement aux passants leurs idées d'aménagements. Certaines relevaient de la performance, comme la suggestion de "les envoyer en l'air".

Ce film cherche à expliciter les usages des deux chaises et nos actions dans l'espace public pour les révéler.