Fais mur !
Anaëlle BETTAYEB, Elise BOREL & Chen GUAN
BETTAYEB Anaëlle, BOREL Elise, GUAN Chen. Fais mur ! « Formes sensibles et politiques de l’habiter », Master 1 Design Urbain, IUGA. 10 min 26 sec. Couleur, sonore, décembre 2018.
Dans le cadre du cours « Formes sensibles et politiques de l’habiter », il nous a fallu mettre en avant « la chose publique » à travers un film. Ce dernier devait être réalisé dans un secteur du projet « Cœur de ville, Cœur de Métropole ». Nous avons opté pour la place Championnet qui se situe dans le quartier Championnet et qui va être le sujet très prochainement de travaux de transformation. Nous avons fait le choix d’orienter notre film sur les murets de la place qui peuvent faire, selon nous, controverse.
En effet, la place est cloisonnée par des murets et accueille un arrêt de bus. Au premier abord, la place semble être uniquement un lieu de passage pour les piétons. Cependant, lorsque l’on s’y installe et qu’on observe plus intensément le lieu, on se rend compte que c’est un réel lieu de vie. Les murets quittent leurs statuts premier pour devenir des éléments d’appropriation personnelle. Notre vidéo s’intitule “Fais Mur !” en comparaison à l’os du fémur qui est le plus long et le plus utilisé du corps humain et qui fait écho aux longs murets présents sur la place.
Dans notre film, nous avons fait le choix d’ajouter des sons additionnels pour marquer la complémentarité du son et de l’image. Ces sons additionnels sont toujours en rapport avec l’image et peuvent montrer à la fois la cohérence et l’incohérence de certains actes qui se réalisent dans cet espace public. Dans le traitement de notre vidéo nous avons fait le choix de présenter, dans un premier temps, le site et plus particulièrement les murets et, dans un second temps, les différentes appropriations qu’on peut trouver dans cet espace et sur ces murets.
Pour organiser notre débat, nous avons choisi de réaliser une carte schématique de la place. Après avoir regardé la vidéo, nous présentons notre expérience aux personnes autour de la table. Ensuite, à l’aide de post-it de différentes couleurs (Vert = attractif, Jaune = neutre, Rouge = répulsif), nous proposons aux personnes de qualifier ces espaces selon leurs ressentis personnels. Les post-it colorés devaient être accompagnés de commentaires pour expliquer pourquoi ils qualifiaient le lieu de cette façon.
En tout, 3 tables rondes ont été organisées avec pour public principalement des étudiants de l’Institut de Géographie Alpine et d’Urbanisme de Grenoble.
Lors de la première table de projection-discussion nous avons accueilli des étudiants qui connaissaient et avaient déjà visité la place. Dans cette carte, le site est perçu positivement et comme étant attractif. Les étudiants ont évoqué la présence habituelle et rituelle d’une personne sur la place.
Pour la seconde table ronde nous avons pu échanger avec deux étudiantes et habitantes du quartier Championnet qui pratiquent cet espace quotidiennement, mais aussi des étudiants ne connaissant pas ce dernier.
Cette seconde carte montre également de nombreux post-it verts, c’est à dire que le site est perçu comme attractif. Pour les personnes ne connaissant pas le site, celui-ci leur semble être “un espace agréable pour attendre”. Des commentaires négatifs sont aussi émis sur le fait que “les murets ne sont pas adaptés pour s’installer”, que la végétation est qualifiée de “trop abondante” créant ainsi un “espace sombre” au nord de la place ou encore que c’est “un espace abîmé”, “peu mis en valeur”. Malgré ces commentaires, les personnes ne connaissant pas le lieu expriment une envie de le fréquenter.
De plus, nous avons appris par ces habitantes que des réunions publiques de concertations avaient été organisées sur le réaménagement de la place. Un des projets avait pour volonté de détruire les murets afin de rendre cet espace plus accessible. Une forte mobilisation avait alors démontré la volonté des habitants de conserver ce site tel qu’il a toujours été. Ces murets qui a priori cloisonnent cette place, apportent au contraire à celle-ci un caractère calme, de repos et permet un ralentissement du mouvement au cœur d’un quartier animé où les flux sont importants. En outre, nous avons appris que ces murets servaient également à de multiples usages que nous n’avons pas eu l’opportunité d’apercevoir, comme par exemple d’étales pour le marché des créateurs, ou encore de zones de jeux pour les enfants, etc.
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La troisième table ronde s’est déroulée avec des étudiants qui connaissaient la place, et d’autres pour qui ce lieu était inconnu. En général, les personnes de cette table ronde nous ont dit que cette place ne les attirait pas, que l’espace était assez “minéral”, “bruyant”, “sale” et “tagué” et qu'une appropriation de leur part n’était pas envisageable. Une personne nous a raconté qu’elle venait manger régulièrement le midi. Au début, elle percevait l’espace végétalisé comme un espace agréable, “intime par rapport à la route” mais au fur et à mesure son regard sur la place s’est dégradé (place sale, lugubre, rencontre de personnes alcoolisées..).
Carte schématique de la première table de projection-discussion
Carte schématique de la deuxième table de projection-discussion
Carte schématique de la troisième table de projection-discussion